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Comment tu évolues

COMMENT S'ENTRAÎNER, MALGRÉ TOUT

À l’entraînement, le succès c’est de rester sur ton parcours. Pour t’aider à réussir, voici 6 apprentissages provenant du parcours de Robin Tranchant.

Par

Étienne Booth

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8

min

Comment tu évolues

La seule constante est le changement.

Le travail. Nos relations. La famille. La santé. Les blessures. Les projets. À tout moment, il y a du changement dans notre vie.

Alors comment continuer à s’entraîner dans ce flot de changements?

Pour moi, c’est ce qui se distingue du parcours de Robin Tranchant. C’est d’avoir enchaîné des années particulièrement chaotiques dès le départ. Et d’avoir malgré tout réussi à intégrer l’entraînement dans sa vie.

Pour ceux qui veulent embarquer (et rester) sur leur propre parcours d’entraînement, il y a de la valeur à retirer de son expérience.

Apprivoiser l’entraînement

« En 2016, j’ai commencé à m’entraîner chez Engrenage. »

« J’ai débuté parce que je n’arrivais plus à pratiquer mon sport; le volleyball. J’avais toujours des crampes dans le mollet. Et aussi parce que j’étais essoufflé juste à monter des escaliers… »

Commencer à s’entraîner possède ses propres défis.

Cela veut nécessairement dire de prendre de nouvelles positions, et de solliciter ses muscles au-delà de l’habituel. Souvent, cela révèle des limites qui étaient déjà présentes, mais que nos activités quotidiennes ne mettaient pas en évidence.

En plus d’apprendre comment bouger, il faut aussi apprendre à moduler l’intensité de l’entraînement. Pas assez d’intensité et il y a peu d’adaptation. Trop d’intensité et cela mène à des problèmes pour les maillons les plus faibles de notre structure.

« Je suis quelqu’un d’intense. Quand j’embarque dans quelque chose, j’ai tendance à y aller à fond. »

« Dans mes débuts, j’ai eu des problèmes avec mon mollet, mon l’épaule, mes poignets. »

Chaque fois, Robin a établi un plan avec son entraîneur. Ils ont adapté son entraînement. Ils ont travaillé avec un physiothérapeute pour diagnostiquer, comprendre, et tenter de régler le problème à la source. Ils ont renforci. Ils ont mobilisé. Ils ont passé par l’inévitable processus d’essais et erreurs. Ils ont appris, et ont recommencé. Encore et encore.

Et quand un problème semblait enfin réglé, un autre prenait sa place.  

En début de parcours, cela est particulièrement décourageant.

Mais à chaque fois, Robin a continué à s’entraîner, à avancer.

Robin apprend à squatter, 2016

Composer avec le travail

Juste quand il semblait ne plus être retenu par ses blessures, ses nouvelles responsabilités professionnelles ont chamboulé sa capacité à s’entraîner régulièrement.

« J’ai commencé un nouvel emploi où je devais partir en Europe pendant des semaines en ligne, tout au long de l’année. J’étais sur la route, d’une ville à l’autre. À ce moment-là, je voyais que je n’avais ni le temps, ni l’énergie pour m’entraîner dans ces conditions. »

Pour arriver à intégrer l’entraînement dans sa vie, il faut en faire une habitude.

Pour en faire une habitude, il faut être régulier.

Il n’est pas impossible de reprendre l’entraînement après une période de pause. Mais si l’entraînement n’est pas déjà intégré, chaque arrêt nécessite un surplus de volonté pour recommencer. Il est plus facile de continuer que de redémarrer.

Encore une fois, Robin a tenu le cap. Chaque fois qu’il rentrait au pays, il reprenait éventuellement l’entraînement.

Ses responsabilités professionnelles ont éventuellement changé, lui permettant une plus grande constance à l’entraînement.

Puis est arrivée la pandémie.

Prohibition de l’entraînement

Au début de 2020, le gouvernement du Québec a rendu illégal l’accès en personne à l’industrie de l’entraînement. Comme le reste de la population, Robin a perdu accès à son entraîneur, sa gang d’entraînement, et l’environnement dans lequel il s’entraînait.

La prohibition de l’entraînement a durée deux ans.

Selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec, cette période s’est traduite par une augmentation dramatique de l’inactivité physique. En 2019, 44% de la population était considérée insuffisamment active dans ses activités de loisirs. En décembre 2022, cette proportion avait grimpé à 78%.

Dans les contraintes des mesures sanitaires, la vaste majorité des Québécois et Québécoises ont réduit, ou complètement cessé l’activité physique.

Pas Robin.

« J’avais un besoin physique de me dépenser. Mais j’avais surtout un besoin social. »

Au départ, il était encore possible pour les entreprises d’offrir des entraînements extérieurs. Dans le froid de l’hiver, Robin faisait partie des membres qui se présentaient dans notre stationnement pour faire des squats, lever des poids de caoutchouc, et retourner des pneus de tracteur.

Quand l’offre de services extérieurs a été décrétée illégale, Robin a continué de manière autonome. Avec quelques amis, ils se sont donné rendez-vous presque quotidiennement pour s’entraîner dans des parcs, stationnements, et lieux publics.

« Honnêtement, si ce n’était pas de tous les autres aspects de la pandémie, je peux dire que j’ai réellement aimé m’entraîner dehors avec mes amis. »

Crise de la quarantaine (à 30 ans)

Lorsqu’il est redevenu permis de s’entraîner à l’intérieur, son groupe d’entraînement extérieur s’est dissipé. Encore de l’adaptation.

Robin a repris l’entraînement avec nous. Il a redécouvert les avantages d’avoir un coach, une gang, une programmation, de l’équipement, et un environnement dédié à s’entraîner.

« Après deux ans, j’avais oublié à quel point les bonnes conditions d’entrainement permettent de se pousser plus loin. »

Mais si la société retrouvait enfin un fonctionnement plus proche de la normale, Robin entrait pour sa part dans une nouvelle période de turbulence. Cette fois plus personnelle.

« En 2022, j’ai mis fin à une relation. J’en ai commencé une autre. »

« J’ai changé d’emploi. Peu de temps après, j’ai rechangé encore. »

« J’ai même vendu ma maison. Et j’en ai acheté une autre. »

Il m’a dit en riant : « J’ai vécu ma crise de la quarantaine, à 30 ans. »

Et pourtant, aujourd’hui, Robin s’entraîne encore. Et plus régulièrement que jamais.

6 façons pour s’entraîner, malgré tout

Ce qui se distingue du Parcours de Robin, c’est non seulement d’avoir continué là où plusieurs abandonnent, mais d’avoir enchaîné tous ces événements. Malgré les blessures, les contraintes professionnelles, les conditions externes incontrôlables, les événements de vie, Robin est resté sur son parcours d’entraînement.

Voici 6 raisons que Robin crédite comme ayant contribué à cette constance.

1. Savoir pourquoi tu t’entraînes

Robin a commencé à s’entraîner avec des objectifs concrets. Être capable de jouer au volleyball.  Être capable de monter les escaliers sans être essoufflé. Quoique son processus ait connu des obstacles, il a éventuellement atteint ses objectifs.

Si Robin a continué, c’est parce que la raison pour laquelle il s’entraîne a évolué.

Ou peut-être qu’il est plus exact de dire que sa motivation à s’entraîner s’est approfondie. Parce que derrière ses objectifs initiaux se trouvait un désir de fonction. Robin ne voulait pas être limité par sa capacité physique. Il voulait être capable de faire ce qu’il aime et doit faire.

« Aujourd’hui, je m’entraîne pour maintenir ma qualité de vie. »

Mais Robin souligne que sa motivation à s’entraîner est autant alimentée par l’état qu’il veut atteindre que par celui dont il veut s’éloigner. Dans ses mots, s’entraîner c’est de aussi de « lutter contre la paresse et les conséquences qui viennent avec. »

« Je connais l’autre côté. Chaque période d’arrêt m’a rappelé l’effet de retirer l’entraînement de mon quotidien. »

Les objectifs de Robin se placent donc sur un continuum. L’état dont il veut s’éloigner à une extrémité, et l’état vers lequel il veut travailler à l’autre. Le succès n’est pas l’élimination ou l’atteinte d’un ou l’autre de ces états, mais de progresser dans la bonne direction.

Si Robin a perduré dans son parcours, c’est parce qu’il a développé une raison durable de le faire.

Si tu veux intégrer l’entraînement dans ta vie, la première étape du parcours est de définir pourquoi tu veux t’entraîner. Plus cette raison vient te prendre par les tripes, plus elle est fondamentale, mieux c’est.

2. Utiliser son coach

Robin mentionne qu’en rétrospective, une des raisons qui a lui permit de continuer de s’entraîner à travers les années, c’est d’avoir appris à utiliser son coach.

« J’ai un coach, il a des compétences que je n’ai pas, et il est là pour m’aider. Aussi bien l’utiliser! »

« À chaque fois que je confrontais un obstacle que je ne savais pas comment régler moi-même, ou quand je passais par une période plus difficile, j’en parlais à mon coach. »

Quand on pense au coaching, on pense souvent à la correction technique de mouvements.

Mais pour moi, le rôle de l’entraîneur est beaucoup plus large. C’est de guider la personne dans son parcours. C’est d’analyser la situation, de prioriser, puis de diriger les efforts. C’est de clairement identifier, puis communiquer la prochaine marche atteignable pour avancer.

C’est d’aider la personne qui est devant moi à rester sur son parcours.

Parce que sur une assez longue période, les creux de parcours sont inévitables. Un des bénéfices d’avoir un coach, c’est d’avoir un avis externe pour remettre la situation en perspective, formuler un plan, puis se remettre en action.

Pour ne pas rester pris dans ces creux, et par conséquent, décrocher de l’entrainement.

« Je n’ai jamais regretté d’avoir sollicité l’aide de mon coach. »

« Mais à partir de là, il faut quand même faire les efforts pour mettre le plan en action. »

Si tu veux maintenir le cap dans ton parcours d’entraînement, travaille avec ton coach. 

3. Prendre conscience du cycle vertueux

« Ce qui m’a vraiment aidé, c’est de réaliser à quel point toutes les autres sphères de ma vie bénéficient du fait que je m’entraîne. »

Mon observation est que la plupart des gens passent la porte du gym pour la première fois avec l’objectif d’améliorer leur condition physique. Mais avec le temps, les gens réalisent que les bénéfices de l’entraînement dépassent leur capacité physique.

L’expérience d’intégrer l’entraînement dans sa vie amène une cascade de retombés positives. Robin, lui, mentionne qu’il le sent même dans les décisions qu’il prend au quotidien.

« Quand je m’entraîne, je mange mieux, je bois moins d’alcool, je me couche plus tôt. »

« M’entraîner, c’est comme un catalyseur pour d’autres bonnes décisions. »

S’entraîner, c’est de démarrer un cycle vertueux de moins de stress, un meilleur sommeil, des pensées plus claires, une plus grande productivité, et une confiance plus solide en ses capacités. Je dirais même que ces bénéfices sont plus facilement ressentis que les gains physiques, parce qu’ils apparaissent la journée même où on s’entraîne.

Et une fois qu’on a goûté à ces bénéfices, comme Robin, il est plus facile de faire des choix pour alimenter cet état de bien-être.  

Pour faire de l’entraînement une habitude durable, commence à t’entraîner, puis prends conscience des bénéfices que tu ressens dans le présent.

4. Se prioriser pour aider les autres

Dans le fait de s’entraîner régulièrement, Robin a dû faire face au défi de composer avec les demandes des autres pour son temps.

« Souvent, quelqu’un au travail arrivait avec une "urgence" et me demandais de rester le midi, le temps que j’utilise normalement pour m’entraîner. Avec les années, j’ai réalisé qu’en acceptant de répondre aux besoins des autres, je négligeais mes propres besoins. »

Comme le fait de dormir pour être reposé, s’entraîner régulièrement contribue à l’équilibre qui permet d’être optimalement productif. Cela peut initialement paraitre contre-intuitif, mais le temps et l’énergie investis à l’entraînement ne mènent pas à une perte nette en productivité, mais bien à un gain.

« Au lieu d’accepter les demandes qui m’enlevaient mon temps d’entraînement, j’ai commencé à dire non. »

« Pas par rigidité. Pas par discipline. Mais parce que je me suis mis à reconnaître les bénéfices. »

« J’ai commencé à me prioriser. »

« Et de toute façon, en acceptant ces demandes, j’affectais négativement ma capacité à répondre, justement, aux demandes des autres…»

Si tu veux intégrer l’entraînement dans ta vie, considère l’entraînement comme essentiel. Pour toi, comme pour les autres.

5. S’entraîner avec des gens comme toi

Une des façons les plus sûres d’abandonner l’entraînement est de s’entraîner dans le mauvais environnement.

Un environnement où tu ne te sens pas à ta place. Où tu ne partages rien avec les gens qui t’entourent. Où tu ne peux pas avoir de fun. Le résultat est que tu ne te sens pas bien dans l’environnement où tu t’entraînes.

Et on a très naturellement tendance à tout faire pour éviter cette sensation.

Alors pour avoir envie de s’entraîner, Robin recommande de trouver un environnement qui génère le sentiment inverse. Un environnement où tu te sens à ta place, et où tu peux partager l’expérience de s’entraîner, et où tu peux avoir du fun en le faisant.

« Une des raisons qui a fait que j’ai continué à m’entraîner dans le temps, c’est la gang. C’est de pouvoir partager l’entraînement avec des gens qui ont une réalité et qui le font pour une raison similaire à moi. Pas du monde comme on voit sur Instagram. »

« Et c’est pas difficile d’aller s’entraîner quand t’as envie d’être avec les gens que tu vas y retrouver. »

Robin mentionne même que de voir des personnes réussir à s’entraîner malgré les défis de leur propre réalité a eu un effet positif sur sa constance.

« Tu vois des gens avec de meilleures raisons que toi de ne pas s’entraîner. Des gens qui ont commencé plus tard dans leur vie, ou avec plus de responsabilités, ou des horaires plus compliqués, ou même des conditions physiques plus limitantes. Ils s’entraînent quand même. Et tu les vois progresser. C’est inspirant. »

Si tu veux avoir le goût de t’entraîner, fais-le dans un environnement où tu te sens bien, avec des gens avec qui tu peux partager l’expérience.

6. Accumuler les preuves d’être capable

J’ai beaucoup parlé et réfléchi sur l’entraînement.

Je ne suis plus souvent surpris dans mes conversations sur le sujet. Mais je dois avouer, dans mon échange avec Robin, que j’ai arrêté pendant un instant de prendre des notes, étonné par sa dernière réponse :

« Je sais que je suis capable, parce que je l’ai déjà fait. »

J’adore ce constat. Particulièrement parce qu’il ne peut être acquis que par expérience, celle de payer le prix nécessaire pour passer à travers chaque difficulté tout au long du parcours.

La confiance d’être capable ne provient pas d’un simple changement de perspective. La confiance vient de l’accumulation d’une montagne de preuves qui rend notre capacité indéniable, même pour nous.

« Je sais que j’ai passé à travers d’autres difficultés. »

« Si je me blesse, si je change de job, si ma relation change, si les conditions externes à moi changent, j’ai déjà passé à travers ça. J’ai continué de m’entraîner. »

« Alors j’ai confiance, peu importe ce qui va changer dans le futur, que je vais être aussi capable de passer à travers. »

Si tu veux continuer sur ton parcours d’entraînement avec confiance, utilise les obstacles surmontés dans le passé comme preuve de ta capacité à surmonter les obstacles dans le futur.

Ce qu’on peut apprendre de Robin, en bref

On réduit souvent notre perception de s’entraîner à l’acte physique lui-même.

Mais en réalité, s’entraîner, c’est d’apprendre. C’est de s’adapter. C’est de reconnaître que l’obstacle qui semble barrer notre chemin, montre en fait le chemin. C’est de passer à travers, ou autour, ou par-dessus…

• C’est d’avoir une raison de le faire.

• C’est d’utiliser l’aide nécessaire pour y arriver.

• C’est de prendre conscience des bénéfices du processus.

• C’est de le faire pour soi.

• C’est de le faire en bonne compagnie.

• C’est de mériter la confiance d’être capable.

S’entraîner, c’est de trouver le moyen d’avancer, malgré tout.

Parce que le succès, c’est de rester sur le parcours.

C’est d’arriver à un point où on aime être sur le parcours, avec tous ses obstacles, plus que l’atteinte des objectifs qui nous ont poussés à commencer.

Et si continuer demande toujours un effort, je crois néanmoins que Robin a atteint ce point.

« Je ne me vois tout simplement pas arrêter de m’entraîner. »

« Dans ma tête, je me vois m’entraîner pour toujours. »

À propos de l'auteur

Étienne Booth
Fondateur d’Engrenage
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